Mokapop

décembre 14, 2007

Les dieux du Marché ont soif

Filed under: Cultures, Politique — mokawi @ 3:18

Le Canada est scène de deux procès assez significatifs: celui de Conrad Black, ex-magna de la presse, et celui de Brian Mulroney, ancien premier ministre fédéral.

Dans le premier cas, le procès concerne le vol de 6,1 millions de $ et une tentative d’obstruction de la justice. Conrad Black a cependant surtout été condamné pour ses travers moraux, que ça soit de la part des médias, de ses confrères, de ses associés ou même de la juge Amy St. Eve, qui vient de le condamner à 6 ans et demi de prison.

Dans le second cas, il s’agit de versements assez troubles alloués au premier ministre pour d’énigmatiques services rendus alors qu’il était en fonction et d’autres versements bien moins troubles alloués au parti conservateur à la même époque par un homme d’affaire corrompu, Karl-Heinz Schreiber. Comme le fait remarquer Chantal Hébert dans le Toronto Star, le transactions impliquant Mulroney n’étaient certainement pas aussi scandaleuses à l’époque où elles ont eu cours qu’aujourd’hui. Mais ce n’est pas non plus le cas de malversations de Conrad Black. Là où les politiciens canadiens ont essuyé le scandale des commandites et la commission Gomery, le monde des affaires en Amérique du Nord a connu le procès d’Enron. Dans un domaine comme dans l’autres, les lois protégeant l’intégrité du système ont été étendues et renforcées.

La raison est probablement dans le marché. En enlevant de l’argent qui aurait pu retourner dans le système, Black pipe les dés. Les investisseurs doivent ajouter à leur calculs la possibilité d’être floués, de sorte qu’ils investissent moins. De la même façon, on s’entend de plus en plus pour croire que les lobbies minent la démocratie plutôt que de la stabiliser, et les lois envers les contributions aux partis politiques sont de plus en plus contraignantes.

Il semble que la main invisible soit devenu un modèle dominant, et la dictature des démagogues
n’est plus la menace qu’elle a déjà été. Dans le marché de l’investissement comme dans le marché des votes,
le meilleur gouvernement, c’est le gouvernement minimal. Black et, dans une moindre mesure, Mulroney
représentent la vieille aristocratie qui « paternisaient » le système. Ils ne sont pas de grands coupables;
leur faute est de ne pas gouverner selon la nouvelle règle, mais leur sacrifice est un message à tous ceux
qui voudraient se croire plus malins que la main

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