Mokapop

mars 5, 2007

Défoulement sur le pseudo-féminisme enragé

Filed under: Cultures, Politique, Sciences humaines, Uncategorized — mokawi @ 9:43

Premièrement, disons-le, le féminisme est une des plus grandes conquêtes de l’homme. Ce qui me peine, c’est que les femmes qui se disent féministes sans restriction de nos jours utilisent davantage cette étiquette comme un bouclier pour soutenir toutes sortes d’absurdités qui tiennent davantage du défoulement que du souci de dire quelque chose de vrai et d’utile sur notre société. Ce qui me peine encore plus, c’est que c’est souvent le fait de gens intelligents.
Je ne connais pas les travaux de l’historienne Micheline Dumont, mais j’en ai entendu beaucoup de bien, moi qui ai la chance d’être fils de deux historiens. Mais j’ai été choqué par le manque de rigueur dont elle a fait preuve dans une entrevue dans le cadre d’un documentaire sur le féminisme qui a passé sur le canal savoir (sorte de canal communautaire axé sur l’éducation qu’on retrouve sur les ondes à Montréal).
Mme Dumont a fait preuve d’un certain laxisme quant à la façon de décrire l’histoire « mainstream » et ses raisons pour rejeter le projet des histoires un peu laissées de côté, comme l’histoire des femmes. Sans même traiter du manque flagrant de documentation pour raconter ces histoires parallèles, sans compter qu’il est difficile de les lier à des événements de l’histoire des sciences, des gouvernements, et autres piliers de notre société pour leur donner de l’importance dans le récit de l’histoire de l’humanité. Sans compter qu’il est difficile d’opposer l’histoire militaire, par exemple, à l’histoire des femmes, puisqu’elles n’ont même pas de lieu commun où s’affronter. À la limite, je peux comprendre qu’elle décrive ainsi, en terme très vague, la difficulté qu’a peut-être eu la nouvelle histoire à se donner une niche dans les années 60 et 70. Ce que je ne peux pas comprendre, en revanche, c’est qu’après avoir attaqué le manque d’égard de l’histoire au femmes, elle a fait de l’histoire des femmes une histoire exclusivement féminine. Comme si des hommes du XVIIIe et XIXe siècle n’avaient pas préparé le terrain.
Le résultat d’un tel manque, c’est que le récit de la libération des femmes devient celui-ci: après des millénaires d’oppression injuste, les femmes se seraient levé seules contre l’iniquité et auraient triomphé par le nombre. La seule raison pour laquelle les femmes auraient tout ce temps resté dans l’ombre des hommes, c’est que leur nature empreinte de douceur et de compassion n’aurait pas osé se lever contre le caractère violent et agressif du sexe fort, et la contraception ainsi que la protection de la loi et de la raison contre la sauvage violence virile auraient déclenché la révolution.
Évidemment, c’est un petit peu naïf. Si les hommes étaient réellement contre cette révolution, ils auraient eu les moyens de garder les femmes sous contrôle, eux qui détenaient tous les postes-clé, tous les diplômes, toutes les ressources. Il a bien fallu qu’il s’en trouve pour prendre le parti des femmes.
Mais je suppose qu’en fait, dans le récit brossé par nos féminisme, ce qui est vraiment intéressant, c’est la part de l’homme: il est coupable sur toute la ligne. Certes, le XIXe siècle a vu des offensives bien organisées contre le pouvoir de la femme avec notamment le concours de la médecine, mais à une époque où le corps reprenait son importance comme générateur de raison et où on était convaincu d’abord par les traités médicaux anciens de l’infériorité du corps de la femme, on peut admettre un minimum de bonne foi. Ce siècle du romantisme a par ailleurs été marqué par l’image d’une genèse de l’humanité où l’homme par son physique était tout-puissant. Retourner la femme dans le foyer, c’était revenir à des moeurs naturelles et saines, et ce n’est pas la seule erreur qu’a fait ce siècle dans le but d’assainir les moeurs. Et surtout, les siècles qui ont précédé n’ont pas senti ce besoin. Après tout, du haut moyen-âge jusqu’au XVIIIe siècle, les élites et les intellectuels (à part peut-être Rousseau, qui passait pour être le pire misanthrope de sa génération) aimaient s’entourer de femmes brillantes, dont plusieurs ont exercé des pouvoirs importants: pourquoi les hommes se seraient-ils soudainement senti menacés?
Des études visent à réécrire l’histoire de l’humanité comme l’accomplissement de la volonté de l’homme blanc d’imposer son joug à toute l’humanité: aux animaux, aux femmes, aux nègres, aux forces de la nature. Je suis désolé, mais j’ai bien de la difficulté à avaler que mon essence se limite à une volonté d’assujettissement, encore moins à la violence ou l’agressivité.
Reste que le corollaire de cette pensée, c’est ceci: c’est par bonté et par générosité que les femmes ne leur font pas payer toutes leurs souffrances passées. C’est un moindre mal qu’elle puissent les pointer du doigt et les faire sentir coupable, les mépriser lorsqu’elles peuvent s’en passer (comme les fameuses lesbiennes féministes enragées) et tenter de réformer leur nature profondément vicieuse (notamment dans le domaine des relations de couple, cf. cet article de Dan Savage).
Bref, des femmes, ayant lu l’histoire de l’homme comme histoire d’assujettissement et de violence, doivent raisonner que le féminisme leur offre les outils pour assujettir l’homme et pour lui imposer par la violence psychologique le règne de la femme. Que si elles ne contre-attaquent pas, elles vont se retrouver de nouveau victimes de l’homme. La bonne nouvelle, c’est qu’elles ont tord sur toute la ligne, et que pour cette raison, on donne peu de crédit à leur pensée.
Néanmoins, je crois que tout ça, c’est un putsch contre la plus belle conquête du XXe siècle, puisque plus personne ne veut être associé au écarts de ces pseudo-féministes. Et par le fait même, ça empêche la progression du féminisme, qui n’a pas peut-être pas terminé de réfléchir sur lui-même et de donner aux femmes leur juste place dans l’échiquier social.

4 commentaires »

  1. Il est interessant de voir les diverses courants de pensée féministes, bien que je comprenne vos réactions face à la vision de Mme Dumont. Il ne faut pas oublier qu’il existe de nombreux mouvements féministes, dont certains, et Mme Dumont, selon vos dires doit en faire partie, qui repoussent tout idée que des hommes puissent être féministes sur le motif que par leur masculinité, ils ne peuvent comprendre les femmes.
    Il est cependant vrai que certains, bien que peu nombreux, hommes pensaient que la femme était un être intelligent. Ainsi ce fut Poulain de la Barre qui écrivait en 1673 que les femmes et les hommes étaient égaux en tout point. Il était cependant la risée de tous. Le plus proche de son point de vue dans cette époque était Montesquieu qui disait que les femmes et les hommes seraient capable des mêmes choses, si la femme recevait l’éducation. Puis John Stuart Mill a fait sensation lors du XIXème pour avoir énoncé à son marriage que sa femme avait les mêmes droits et libertés qu’elle avait avant le marriage.
    Cependant certaines femmes lors notamment de la révolution française ont tentés de mettre de l’avant les droits des femmes. Olympe de Gouges a ainsi rédigé la Déclaration des droits de la Femme et de la Citoyenne. Les hommes ont cependant mis de côté cette initiative, préférant l’idée que les femmes se battaient lors de la Révolution pour les droits des hommes. Donc bien que les penseurs masculins aient existé, il existait également des femmes qui avançaient les idées féministes.
    Leurs récentes recherches cependant sont mises de côté et vues comme étant subjective par leur condition de femmes. Comme si la recherche faite par un homme n’était pas subjective. Mais ce qui est le plus inquiétant, c’est que les images extrêmes du féminisme donnent une mauvaise image à celui-ci, et qu’il peut même être considéré être honteux de se considérer féministe, je pense ici à la France. Mais la crainte d’être victime de l’homme est tout de même compréhensible. Au XIIème siècle, les femmes pouvaient dirriger des hommes sur un champs de bataille, ou encore devenir prêtre, droits qu’elles perdent peu à peu, jusqu’à l’apogée masculine, lors du règne de Louis XIV. Si elles ne revendiquent pas leur droit, elles risquent tout de même de perdre peu à peu ceux-ci, et bien que le travail des feministes ne soit pas à leurs débuts, il n’est tout de même pas terminé.

    Commentaire par Guépard — mars 6, 2007 @ 6:20

  2. Mon point, Guépard, c’est que le fait d’évacuer l’homme (le mâle) de la lutte féministe, c’est la condition qui permet de faire subir à la pensée féministe et à son histoire (par révisionnisme) une transformation qui en fait un outil de pouvoir et de violence. Pouvoir parce qu’il exclut l’homme du débat des sexes, violence parce qu’il tente d’instaurer un sentiment de culpabilité chez l’homme.
    Pas que j’aie un problème avec ça, mais parce que c’est précisément ce qui est dénoncé. D’où la trahison.

    Commentaire par mokawi — mars 7, 2007 @ 12:34

  3. Salut Louis!!
    Après avoir lu ton message en réponse au texte sur mon blog…j’arrive finalement ici.

    En bref, tout ce que je t’ai répondu là…je dois te donner la raison dans le sujet que les femmes nous sommes aussi en partie coupables. Et bien sûr pas tous les hommes peuvent être mis dans le même sac.
    Je ne connais pas aussi bien l’histoire (malheureusement le plus proche que je suis de l’histoire c’est une soeur filologue 🙂 pour savoir combien d’hommes ont aidé aux mouvements de libération de la femme, mais il est évident qu’il y a des hommes qui soutiennent la cause et qui veulent se retrouver un jour côté à c^té, comme des égals avec nous.
    Mais ce que tu dis, c’est aussi la vision de quelqu’un qui est pour la cause aussi. Je crois qu’il y a des hommes qui comme toi, ils le voient aussi, des hommes qui tout simplement s’en fichent (mais probablement ils se’n fichent de bien d’autres choses aussi) et des hommes qui voient le féminisme (je me refère ici au disons… »bon » féminisme, pas les radicales qui veulent finir avec l’existance des hommes sur la terre!) comme une ménace à son pouvoir, et donc font usage de la force plus ou moins directement pour éviter arriver un jour à l’égalité.
    je te laisse maintenant..,je devrais étudier un petit peu (mes derniers examens commencent la semaine prochaine:)
    à bientôt sur la net! fais attention à toi!

    Commentaire par Gemma — mars 11, 2007 @ 4:30

  4. Ouais… en fait, je crois que l’hypothèse de Dan Savage (journaliste homosexuel qui tient une très célèbre chronique de courriers — http://www.thestranger.com/savagelove) est la bonne. Il soutient que les gens sont très critique envers ceux qui pourraient potentiellement être leur partenaire (pour les hétéros, le sexe opposé, pour les homos, les autres homos) parce qu’ils se sentent vulnérables. De critiquer la soit-disante faiblesse des femmes permet aux hommes de se donner une bonne raison de chercher la paix entre mecs de temps en temps. Je pense que cette tendance gonfle artificiellement le nombre d’hommes paraissant s’opposer au féminisme. Ça inclut à mon avis les zouaves qui prétendent être effrayés à l’idée de sortir avec une femme plus intelligente qu’eux et qui finissent par se marier avec une bolle avec un doctorat.
    C’est sûr que ça amène les hommes à s’associer entre eux plutôt qu’avec des femmes, mais je crois que c’est un autre phénomène. Dans mon expérience, 99,9% hommes sont plutôt heureux de voir les femmes prendre leur place, aimeraient voir plus de femmes talentueuses à des postes clé. Le 0,1% qui reste, ce sont des idiots (des vrais). (NB: cette statistique n’inclut pas les vieux qui ont peur de tout)
    Je plains un peu l’homme de 1950 qui rentrait à la maison pour retrouver une compagne savamment éduquée à n’y entendre qu’à la cuisine, à la décoration et à la mode. En fait, j’ai un qui vit une vie comme ça, et il passe ses journées à éviter la maison.

    Bon, je voulais écrire deux ligne et j’ai écrit un chapitre. Il faut dire que j’ai moi aussi de l’étude à éviter :P.
    Au plaisir de te lire!

    Commentaire par mokawi — mars 12, 2007 @ 3:58


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